vez-vous déjà essayé de relire Les Fleurs du mal de Baudelaire, post-adolescence, en découvrant comment la sensualité se mue en érotisme en deuxième lecture ? Je me souviens notamment de ce paragraphe du Serpent qui danse :
"Et ton corps se penche et s'allonge
Comme un fin vaisseau
Qui roule bord sur bord et plonge
Ses vergues dans l'eau."
À l’époque, j’imaginais une apologie de la beauté d’une femme, un hymne à l’amour et à la grâce. Quand je relus une dizaine d’années plus tard le poème magistral, j’y découvris la description détaillée d’un acte sexuel de la sensualité de la découverte de la nudité de la femme aimée, son jeu de séduction, la montée du désir masculin, le rapprochement, puis la fusion des corps engourdis de plaisirs jusqu’à la plénitude. Les expressions « chevelure profonde », « bâton », « vergues dans l'eau », « ciel liquide », « étoilé » se relisent les joues rougies et les yeux brillants par l’audace d’un écrit corrompant la morale publique de l’époque.
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