top of page
Photo du rédacteureva layani

Moi, Viviane.

Dernière mise à jour : 9 mars

Je ne savais pas que le bonheur avait une voix.

Une couleur. Une odeur.

Je ne savais pas que le bonheur pouvait se décider.

Et pourtant, aujourd’hui, j’ai volé au monde quelques heures de bonheur pur.


J’ai déniché une forêt dans un endroit improbable, et j’ai marché les pieds nus dans l’herbe, les cheveux libérés, le visage offert au vent.

J’étais en dette de temps envers moi-même. Alors aujourd’hui, je paie mes dettes.


Je m’appelle Viviane, j’ai quarante ans. Je suis citadine, avocate. Je travaille dans un grand cabinet anglo-saxon à New York, où la tenue imposée est le tailleur, les talons, la surperformence et l’engagement sans limite. Je sors dans les restaurants chics, j’habite Manhattan Ouest dans un étage élevé et mon Doorman s’appelle Edouard, il connaît même quelques mots de français.


Ma mère est très fière de ma réussite, enfin c’est ce qu’elle raconte à ses amies, à défaut de me voir.

Je n’ai pas d’enfant, je n’ai jamais pris le temps.

Je suis mariée ou plutôt je vis à côté d’un homme qui me ressemble, en tous cas d’après les codes de la société. Il est beau, riche, pressé. Et aujourd’hui je viens de le quitter.


J’ai enfin découvert ce que mon cerveau savait mais ne prenait pas le temps d’assimiler : il ne m’aime pas, ne m’a jamais aimé. Et je le comprends, je ne m’aime pas beaucoup moi non plus ces derniers temps.

J’ai perdu des bouts de moi. Ces bouts qui me rendaient belle, bienveillante, attentionnée.


Il m’a trompé plus d’une fois, je le savais sans chercher à le prouver. Aujourd’hui, je suis presque flattée, il a visé haut, un mannequin célèbre. Une sublime femme à la peau ébène, au nez minuscule, au corps longiligne et au regard mystérieux.


Nous pourrions peut-être devenir amies.

Grâce à elle, l’indiscrétion de mon mariage est accrochée dans les journaux, un peu partout.

Je ne peux plus faire semblant.

Je n'ai plus le choix que de reconquérir ces bouts absents, ces espaces temps, ces liens manquants

Grâce à elle, je peux redécouvrir la voix, la couleur, l’odeur du Bonheur.


La voix du Silence, celui qui nettoie le brouhaha pour laisser la place à la jouissance.

La couleur du ciel, d'une pétale, d'une feuille, d'une aile.

L'odeur de la boue sous mes pieds, celle de la liberté.


9 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Comments

Rated 0 out of 5 stars.
No ratings yet

Add a rating
bottom of page